L’heure est grave
Le gouvernement canadien pourrait rendre passible de peines sévères le fait de documenter les conditions de vie des animaux dans les exploitations agricoles. Ce qui rendrait encore plus difficile la dénonciation des cas de maltraitance à leur endroit!
Des millions d’animaux souffrent en silence derrière des portes closes.
Les lanceurs d’alerte et les journalistes de terrain, qui cherchent à raconter l’histoire de ces animaux et à documenter leurs conditions de vie, pourraient être sévèrement punis.
Le gouvernement canadien étudie présentement l’adoption d’un projet de loi anti-lanceurs d’alerte (inspiré des lois Ag-gag américaines) qui pourrait rendre criminel le fait de documenter les cas de maltraitance animale et les conditions de vie des animaux dans les fermes canadiennes.
Alors que le Canada fait déjà piètre figure en matière de règlementation entourant le bien-être des animaux destinés à la consommation, et que les citoyen.ne.s préoccupés exigent plus de transparence et d’imputabilité, un tel projet de loi conférerait à une industrie déjà opaque et autorégulée davantage de latitude pour opérer derrière des portes closes.
Les faits sont clairs. Aucune éclosion de maladie dans une exploitation agricole au Canada n’a été recensée comme résultant d’une intrusion de citoyen.ne.s venus documenter les conditions de vie des animaux.
Quelques informations au sujet du projet de loi C-275
Loi modifiant la Loi sur la santé des animaux
(biosécurité dans les exploitations agricoles)
Ce projet de loi ne vise-t-il pas à assurer la biosécurité dans les fermes?
Malgré son titre, ce projet de loi ne s’attaque pas à ce qui met véritablement en péril la biosécurité dans les fermes canadiennes, soit le manque d’encadrement règlementaire à ce sujet au Canada ainsi que les pratiques agricoles problématiques. Le projet de loi prend plutôt pour cibles des citoyen.ne.s ou journalistes qui se portent témoins de gestes de maltraitance envers les animaux dans les exploitations agricoles et qui les documentent. Pourtant, les données de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) sont claires : aucune éclosion de maladie survenue dans les exploitations agricoles au cours des vingt dernières années ne découle d’une entrée par un lanceur d’alerte dans une exploitation agricole. Ce que les faits démontrent c’est que les pratiques actuelles de l’industrie mettent parfois en péril la biosécurité et que les protocoles d’application purement volontaire doivent être renforcés, ce à quoi le projet de loi ne s’intéresse aucunement. Une lettre signée par une vingtaine de médecins spécialistes des maladies infectieuses, et transmise au Comité permanent de l’agriculture et de l’agroalimentaire, dénonce d’ailleurs le fait que ce projet de loi vise de façon éhontée de mauvaises cibles.
Pour plus de transparence
et moins de souffrance derrière des portes closes
Crédits photos: Julie LP / We Animals Media, Jo-Anne McArthur / We Animals Media, Hailey Oldfield