Les fermes à fourrure ont des impacts importants sur la santé publique et l’environnement
Selon les scientifiques, en juin 2021, la COVID-19 (causée par le coronavirus SRAS-CoV-2) avait infecté jusqu’à sept millions de visons dans plus de quatre cents élevages à travers l’Europe et l’Amérique du Nord1, incluant au Canada. L’élevage d’animaux pour leur fourrure peut aussi avoir un effet néfaste sur nos écosystèmes aquatiques, contribuer aux changements climatiques et transmettre des maladies à la faune environnante.
Une menace à la santé publique
L’élevage intensif de visons est un vecteur de propagation du coronavirus. De fait, les visons peuvent contracter le coronavirus responsable de la COVID-19 provenant des humains2, et se le transmettre entre eux3. Les conditions dans lesquelles sont gardés les visons d’élevage, caractérisées par un grand nombre d’animaux vivant entassés dans un petit espace, favorisent cette transmission. De plus, chez ces animaux de nature solitaire, le stress engendré par la cohabitation forcée avec leurs congénères pourrait contribuer à l’affaiblissement de leur système immunitaire et les rendre encore plus vulnérables à la maladie4.
En plus de pouvoir se contaminer entre eux, les visons peuvent servir d’hôtes intermédiaires à l’agent infectieux de la COVID-19 et transmettre une forme mutée du virus aux travailleurs et travailleuses qui les côtoient5. Le vison d’Amérique est d’ailleurs une des seules espèces non humaines connue pour avoir transmis le coronavirus à l’être humain6. Plusieurs cas d’infection de ce type, survenus dans des élevages de visons, ont été rapportés à travers le monde, notamment au Canada7.
De plus, de nouveaux variants du coronavirus ont été détectés dans ces élevages, ce qui constitue une menace importante à la santé publique et à l’efficacité des vaccins8.
D’autre part, afin de prévenir la biodégradation des peaux, la préparation et la teinture des fourrures nécessitent l’utilisation de produits chimiques comme le formaldéhyde. Ce carcinogène connu9 peut avoir un effet négatif sur la santé des travailleurs et travailleuses manipulant les fourrures, ainsi que sur celle des personnes qui les portent.
Un désastre écologique
L’écoulement du phosphore contenu dans le fumier de vison peut contribuer à la contamination de bassins d’eau à proximité des élevages. La charge en phosphore dans une étendue d’eau a des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques, notamment la prolifération de cyanobactéries (algues bleues). Ces algues peuvent, entre autres, engendrer la mort de poissons, contaminer l’eau potable et libérer des toxines qui pourraient poser un risque sérieux à la santé des humains et des animaux10.
De plus, l’élevage de visons, tout comme la transformation de leur fourrure, est inefficace sur le plan énergétique, car ces activités nécessitent un grand apport en ressources comme l’eau, les terres, la nourriture et l’énergie. Elles contribuent notamment aux changements climatiques, à l’appauvrissement de la couche d’ozone et à l’acidification des écosystèmes terrestres11.
En fait, selon une étude européenne12, l’impact environnemental d’un manteau de vison naturel est de 3 à 10 fois supérieur à celui d’un manteau en fausse fourrure. Une étude semblable13 a aussi comparé l’impact environnemental de la fourrure d’élevage de vison avec celui d’autres textiles synthétiques, comme le coton et le polyester. Par rapport aux textiles, la fourrure a un impact plus important en ce qui concerne 17 des 18 aspects environnementaux mentionnés, notamment les changements climatiques, l’eutrophisation et les émissions toxiques.
Enfin, la transmission aux animaux de la faune environnante de maladies et de virus présents dans les élevages constitue une menace bien réelle. Cela peut se produire lorsque des animaux de la faune entre en contact avec un vison ou un renard en captivité malade ou qui s’est échappé, avec leurs excréments ou leur carcasse. Par exemple, la maladie aléoutienne causée par l’Aleutian mink disease virus (AMDV) est hautement contagieuse et entraîne des déséquilibres sanguins, des problèmes rénaux, une baisse de la fertilité ainsi qu’un dysfonctionnement immunitaire chronique chez le vison14.