Ce n’est plus un secret pour personne, la socialisation des chiots est une période cruciale de leur développement qui leur permet de devenir des citoyens canins équilibrés. Grâce à une bonne socialisation, le chiot devenu grand sera mieux outillé pour affronter le monde des humains qui est parfois, voire souvent, complexe pour eux.
Jusqu’à 4 mois environ (on s’entend que ce n’est pas tranché au couteau!), le chiot est une éponge. Il apprend énormément des expériences qu’il vit, et ces dernières resteront gravées dans sa mémoire à long terme. Elles lui permettront, entre autres, de savoir qui sont ses « amis » ou encore de distinguer ce qui fait peur de ce qui est sécuritaire. Il est donc essentiel qu’il soit mis en contact de manière positive avec diverses personnes et espèces animales si on veut éviter qu’il les chasse ou qu’il en ait peur.
Par ailleurs, l’entraînement pendant cette période permet aussi de prévenir de multiples problèmes comportementaux et de gagner bien du temps à l’adolescence et à l’âge adulte. En effet, une fois que les comportements indésirables sont bien ancrés et répétés à plusieurs reprises, ils sont plus difficiles à modifier!
Cependant, effectuer une bonne socialisation et un entraînement adéquat sans aller à des cours de maternelle ou sans recevoir les services d’un éducateur canin à la maison à cause du confinement peut ressembler à une mission impossible pour bien des gens. Afin de prévenir les abandons et d’outiller les nouveaux « parents », la SPCA de Montréal vous propose quelques trucs pour que votre chiot profite d’une socialisation optimale.
Chacun son rythme
Premièrement, rappelez-vous que tous les chiots sont des individus différents. Même si vous avez eu votre chiot alors qu’il n’avait que 8 semaines, il n’en demeure pas moins que ce dernier avait déjà un bagage d’expériences et de gènes qui lui sont propres. Au sein d’une même portée, il peut y avoir de grandes différences entre les chiots. Par conséquent, les trucs qui ont fonctionné pour le chiot de vos amis ou de vos proches ne s’appliqueront peut-être pas au vôtre et vice-versa.
L’idéal est d’utiliser une approche prudente et douce dans la socialisation de votre nouveau compagnon afin d’éviter les traumatismes pendant cette période critique du développement.
La nouveauté sans stresser
Tout est nouveau pour votre chiot! La règle pour réussir une bonne socialisation est de lui faire découvrir le monde graduellement à l’aide de renforçateurs (habituellement des gâteries) et de créer des associations positives avec les sons, textures, objets, personnes et animaux qu’il découvre de jour en jour. Votre but est de faire en sorte que cette nouveauté soit plaisante pour lui, et non stressante ou effrayante.
Pas besoin d’aller très loin pour rencontrer de la nouveauté. Par exemple, à l’aide de votre ordinateur, vous pouvez faire entendre à Pitou différents sons, comme des sirènes de pompier, des cris d’enfants, des chiens qui jappent, des feux d’artifice ou encore des bruits de construction, et cela pendant qu’il joue avec son jouet favori ou mange son repas. L’avantage avec cette technique est qu’on peut contrôler les décibels en fonction du niveau de confort du chiot, ce qui est beaucoup plus difficile à faire dans le vrai monde. Vous pouvez également amener l’extérieur à l’intérieur afin que votre chiot se familiarise très progressivement avec certains objets (vélo, planche à roulettes, trottinette, etc.) et même jouer à vous déguiser pour qu’il comprenne que les humains peuvent avoir différentes apparences. Pour les enfants, choisir chaque jour un élément différent à intégrer positivement au répertoire de Pitou (casquette, lunettes de soleil, sac à dos, etc.) peut même être très amusant!
Une fois que votre chiot est confortable dans la maison, vous pouvez aussi faire des exercices à l’extérieur, en respectant bien sûr la distanciation sociale; par exemple, aller marcher et vous asseoir non loin d’une piste cyclable pour nourrir Pitou pendant qu’il regarde passer les vélos et les patins à roue alignées.
Même si les contacts avec les gens et les chiens sont réduits au minimum actuellement, vous pouvez au moins renforcer votre chiot chaque fois qu’il voit un de ses semblables pendant sa promenade afin de créer une association positive avec eux. Aussi, rappelez-vous que même si le déconfinement arrivait demain matin, il ne faudrait surtout pas passer en 24 h de contacts très limités avec les chiens à une immersion totale au milieu d’un parc à chiens ou d’un café canin. Il faudra exposer Pitou progressivement, de façon plus importante de jour en jour.
Peu importe la nouveauté, le chiot ne doit jamais se sentir brusqué ou coincé et doit pouvoir l’apprivoiser à son rythme. S’il cherche à s’en distancer, il faut respecter son besoin d’espace et éviter de le forcer. Par conséquent, Pitou ne devrait pas être prisonnier de vos bras lorsqu’il rencontre un chien ou un humain afin d’avoir l’option de fuir s’il en ressent le besoin.
Les manipulations du corps
Imaginez que la première sortie de Pitou après le confinement consiste à aller chez le vétérinaire se faire raser, couper les griffes et vacciner. Ce sera un traumatisme assuré!
L’idéal est non seulement de préparer votre chien adéquatement à sa première visite chez le vétérinaire, mais aussi de donner certains soins à la maison pour ne pas que tout soit fait en même temps lors de ce premier rendez-vous.
Assurez-vous de toucher votre chien à plusieurs endroits (oreilles, pieds, bouche, pattes, etc.) et de faire en sorte que ce soit une expérience plaisante pour lui. Vous pouvez également lui présenter progressivement certains outils qui seront utilisés pour ses soins de base tels que le coupe-griffes, les seringues, le stéthoscope, le rasoir, la brosse, etc. Si ces objets sont chaque fois associés à une friandise, ils feront beaucoup moins peur lorsque Pitou les verra apparaître!
Il faut aussi se rappeler d’y aller une étape à la fois et de ne pas forcer votre chiot lorsqu’il en a assez. Si vous montrez le coupe-griffes à votre chiot et lui coupez toutes les griffes deux jours plus tard, vous allez beaucoup trop vite; cela risque de créer une association négative au lieu de l’aider à apprivoiser l’outil. La socialisation n’est pas une course!
La solitude
Le confinement actuel nous force à être presque toujours à la maison avec Pitou. Bien que cette routine puisse sembler très positive pour son éducation, il ne faut pas oublier qu’elle ne sera pas éternelle et que le retour à la réalité sera déstabilisant pour le chien si on ne l’a pas outillé adéquatement.
Pour éviter de créer des problèmes comportementaux chez votre chien une fois que les enfants seront retournés à l’école ou que le travail reprendra, la meilleure solution est de l’exercer à la solitude un peu à chaque jour. Même si vous ne sortez pas de votre appartement, vous pouvez au moins changer de pièce. Par exemple, cachez les croquettes de Pitou dans le salon pour qu’il « cherche son repas » pendant que vous ferez la vaisselle. Il ira vous rejoindre une fois son jeu terminé, mais il aura vécu l’absence de son humain de façon très agréable.
Pour que la solitude ne soit pas associée à quelque chose d’ennuyant ou de désagréable, il faut absolument donner à Pitou quelque chose à faire pendant les « absences simulées » et provoquer celles-ci très progressivement. Encore une fois, vous ne devez pas passer de 10 minutes à 8 h d’absence par jour. Par conséquent, faites-vous un calendrier d’absences progressives pour mettre toutes les chances de votre côté une fois qu’arrivera la reprise des activités.
Les mauvaises habitudes
Les comportements appris lors de la socialisation sont ceux qui seront les plus ancrés chez votre chien. Par conséquent, si un comportement indésirable est renforcé durant cette période, il sera plus difficile de s’en débarrasser une fois que le chien sera adulte.
Voici quelques comportements à corriger : sauter sur les humains, protéger sa nourriture, japper ou pleurer pour avoir de l’attention et surtout mordiller les vêtements ou les mains.
La plupart de ces comportements sont tout à fait normaux pour les chiens, bien qu’ils ne soient pas tous socialement acceptables. Il est donc nécessaire de leur apprendre les comportements attendus et de les renforcer lorsqu’ils les exécutent si nous voulons qu’ils les aient dans leur répertoire et désirent les refaire. Comment espérer qu’un chien s’assoie quand des visiteurs viennent à la maison s’il ignore que c’est la règle à suivre ou, pire encore, s’il ne sait même pas s’asseoir! L’important c’est que tous les membres du foyer s’entendent sur les règles et que chacun soit constant et cohérent afin que votre chien sache ce qu’il doit faire.
La qualité prime sur la quantité
Durant la socialisation d’un chiot, la qualité des expériences prime sur la quantité. N’oubliez pas que chaque nouvelle situation occasionne un stress chez le chiot et qu’il faut par conséquent y aller à son rythme. Aussi, il est important que vous soyez préparé et que vous gardiez toujours à portée de main des gâteries qu’il apprécie, tant pour créer des associations positives avec ces éléments de nouveauté que pour renforcer les bons comportements que vous désirez ancrer chez lui (s’assoir, se coucher, être calme sur son tapis, etc.). Notez que la gâterie que vous lui donnez doit être petite et que vous pouvez utiliser les croquettes de son repas pour le récompenser tout au long de la journée plutôt que de lui donner à manger dans un bol.
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« ÉLÉMENTS DE SOCIALISATION DU CHIOT »