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Les animaux, victimes de la crise du logement

On a beaucoup parlé de la vague d’adoptions engendrée par la pandémie, et nombreux sont celles et ceux qui craignent que des animaux souvent achetés impulsivement et provenant de sources peu scrupuleuses soient bientôt abandonnés. Mais cette crise appréhendée en cache une autre, peut-être encore plus importante : celle des déménagements et des nombreuses familles incapables de trouver un logement qui accepte leur animal.

Chaque année, l’histoire se répète. La SPCA de Montréal, comme de nombreux autres organismes, fait appel à la solidarité des propriétaires de logement et les implore de donner une chance aux gardiens d’animaux. Au Québec, la loi permet aux propriétaires d’interdire les animaux. Dans le contexte actuel de pénurie de logements, ces derniers ont le choix. La case « non » est cochée par défaut.

Pourtant, un foyer sur deux au Québec vit avec un animal. Les personnes les mieux nanties réussissent parfois à s’en sortir en négociant avec leur propriétaire, en proposant volontairement un dépôt, ou en accédant à la propriété. Mais ce sont les familles les moins privilégiées qui sont les plus touchées en raison du nombre de logements limité. Ce sont elles qui doivent faire les choix les plus déchirants.

Souvent, c’est après des mois de recherche et après avoir épuisé toutes les options qu’elles sont contraintes d’abandonner leur fidèle compagnon. On voit arriver beaucoup de chiens dans les refuges, mais aussi des chats, des petits rongeurs. Des animaux en santé, qui ont passé leur vie avec la même famille, qui sont aimés. Et qui se retrouvent du jour au lendemain dans un refuge parce que la vie de leur gardien a subitement changé : éviction pour rénovations, déménagement en raison du travail, séparation, divorce.

Comme dans le cas de bien d’autres problèmes de société, on a tendance à pointer du doigt les gestes individuels plutôt que les causes systémiques. À traiter de « sans cœur » les personnes qui sont contraintes de confier leur animal à des refuges alors qu’elles sont simplement victimes d’injustice.

Confronté à un problème semblable, le gouvernement de l’Ontario a réagi en adoptant, dans les années 1990, une loi invalidant toute clause interdisant la possession d’animaux dans les logements locatifs. La SPCA de Montréal répète depuis longtemps que le Québec doit suivre cet exemple. En mars 2015, nous avons lancé une pétition à l’échelle provinciale parrainée par la députée Manon Massé visant à invalider les clauses interdisant les animaux dans les baux résidentiels. Malgré un appui massif de la population, avec plus de 22 000 signatures, le gouvernement provincial refuse d’agir.

Nous sommes dans une impasse. Pourtant, des solutions permettant de sortir de cette crise existent. Il s’agit simplement de faire preuve de solidarité et de considérer les animaux comme des membres de la famille à part entière.

Élise Desaulniers 
Directrice générale, SPCA de Montréal  

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