Lors des élections provinciales 2022, la SPCA de Montréal a tenu le tout premier débat électoral provincial sur la protection des animaux.
Animé par la journaliste Vanessa Destiné, cet échange entre Claude Lefrançois de Québec Solidaire, Jonathan Marleau du Parti libéral du Québec, Konstantinos Merakos du Parti conservateur du Québec et de Sylvie Tanguay du Parti Québécois a permis aux citoyen.ne.s d’entendre les engagements relatifs aux animaux de la part de ces partis.
Il est à noter que tous les partis comptant au moins un.e député.e élu.e lors de la dernière législature ont été invités à participer à ce débat. La présence ou l’absence des partis à cet événement dépend donc uniquement de l’intérêt et de la disponibilité de ceux-ci.
Qu'ont répondu les partis aux 9 questions qui leur ont été posées* ?
Votre parti s’engage-t-il à interdire les clauses interdisant les animaux dans les baux résidentiels au Québec?
– Parti conservateur du Québec : Dans un premier temps, le PCQ voudrait faire de la sensibilisation relativement à la dignité de l’animal avant de s’attaquer à l’aspect juridique de la question. En attendant le consensus sur la question, il voudrait regarder si on peut permettre les animaux de façon immédiate dans certaines nouvelles constructions.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ voudrait améliorer la situation. Pour ce faire, il veut prendre en compte les préoccupations des propriétaires et des locataires, regarder les meilleures pratiques et faire de la sensibilisation.
– Parti Québécois : Oui, le PQ s’engage à modifier la loi à cet effet.
– Québec solidaire : Oui, QS s’y engage et cet élément se trouve dans la plateforme du parti depuis 3 ans. Manon Massé a d’ailleurs parrainé une pétition déposée à l’Assemblée Nationale à cet effet. Dans sa plateforme officielle, Québec solidaire indique à ce sujet « Afin d’empêcher que des locataires aient à abandonner leurs animaux de compagnie, Québec solidaire interdira les clauses de baux résidentiels interdisant les animaux de compagnie. »
Votre parti s’engage-t-il à interdire la garde à l’attache des chiens au Québec?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ propose de l’éducation et s’engage à interdire cette pratique, mais spécifie que les chiens devraient être à la maison ou dans un enclos afin que les chiens soient en sécurité.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ veut étudier la question pour connaître le nombre de chiens dans cette situation. Il se dit très sensibilisé à la question du bien-être de ces animaux et souhaite dégager des pistes de solutions qui sont durables.
– Parti Québécois : Le PQ s’engage à rendre cette pratique illégale, carrément.
– Québec solidaire : QS s’engage à étudier la question (en faisant attention aux particularités culturelles, par exemple dans le Grand Nord) et à interdire la garde à l’attache des chiens de garde, par exemple.
Votre parti serait-il favorable à une interdiction complète des fermes d’élevage d’animaux pour leur fourrure?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ affirme être le parti de la technologie et des matériaux synthétiques. Il s’engage à interdire ces élevages et à soutenir les producteurs à transitionner vers une autre industrie.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ pense que les Québécois.e.s sont prêt.e.s à ce qu’on mette fin à ce type de pratique et s’engage à rendre illégales les fermes à fourrure en assurant une transition pour les producteurs vers une autre industrie.
– Parti Québécois : Le PQ s’engage à interdire complètement ce genre de pratique d’autant plus qu’il reste de moins en moins de ce genre de fermes et qu’on peut utiliser de la fourrure recyclée, par exemple.
– Québec solidaire : QS s’engage à abolir ces élevages rapidement, à soutenir les éleveurs dans la transition et affirme que la fourrure pour se vêtir est chose du passé et il ne s’agit pas d’un revenu important au Québec.
Quelles mesures législatives votre parti mettrait-il en place en vue de garantir un niveau acceptable de bien-être aux millions d’animaux élevés pour l’alimentation dans notre province?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ s’engage à exiger la vidéosurveillance* dans les élevages et les abattoirs et à entamer des études sur la possibilité de garder un certain nombre d’animaux à l’extérieur dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et de diminuer le risque de transmission de maladies.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ s’engage à soutenir les agriculteurs dans la modernisation de leurs équipements, d’autoriser la spécificité régionale en ce qui concerne les élevages au niveau de la gestion des fermes et soutenir la relève agricole pour s’assurer qu’il y a des nouvelles pratiques et façons de faire qui sont plus proches du bien-être animal.
– Parti Québécois : Le PQ s’engage à étudier la question.
– Québec solidaire : En plus de la vidéosurveillance, QS propose la création d’un comité externe qui pourra effectuer des inspections sur les lieux. Dans la section sur l’agriculture de sa plateforme officielle, Québec Solidaire indique à ce sujet: « Afin d’implanter des normes minimales de bien-être et de sécurité des animaux, Québec solidaire s’engage à éliminer les pratiques les plus problématiques à cet égard. »
*Suite au débat, à la demande de Konstantinos Merakos, nous ajoutons la précision suivante : « Le PCQ propose l’installation de caméras privées sur une base volontaire, similaires à celles utilisées dans la restauration, dans les élevages et les abattoirs et à entamer des études sur la possibilité d’accès d’un certain nombre d’animaux à l’extérieur dans le but d’améliorer leurs conditions de vie et de diminuer le risque de transmission de maladies. »
Votre parti s’engage-t-il à mettre en place des normes obligatoires provinciales en vue de prévenir les incendies dans les bâtiments agricoles abritant les animaux? Quelles autres mesures concrètes votre parti adopterait-il afin de s’attaquer à cette problématique?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ s’engage à se pencher sur le sujet en étudiant la possibilité de faire de l’éducation auprès des agriculteurs. Par contre, si un gouvernement conservateur obligeait quoique ce soit aux agriculteurs, il serait nécessaire de les appuyer financièrement aussi.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ croit qu’il est nécessaire de donner des outils et du soutien pour la modernisation aux agriculteurs.
– Parti Québécois : Le PQ croit qu’il serait important de s’engager à mettre en place des normes obligatoires provinciales tout en donnant de l’appui financier aux fermes en question.
– Québec solidaire : QS croit qu’il serait important d’avoir des inspecteurs responsables d’inspecter les fermes pour évaluer les risques d’incendie et d’y installer des gicleurs. Le gouvernement pourrait aussi accorder une subvention à ces exploitants pour ces dépenses.
Comment se positionne votre parti relativement à la nécessité pour le Québec de se développer une expertise de gestion de la faune efficace sans recours à des méthodes létales?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ note l’importance de faire attention aux pièges abandonnés ou oubliés pour éviter des blessures aux humains. Il propose également de trouver des solutions pragmatiques qui ne coutent pas trop cher aux contribuables comme utiliser un système de clôture pour diriger les animaux (à la place de corridors fauniques) sous la surveillance des agents du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ est favorable à avoir des réflexions sur la cohabitation d’une manière harmonieuse avec les animaux de la faune en partenariat avec les différentes régions du Québec et à fournir des outils pour améliorer nos pratiques (et ne pas toujours avoir recours aux moyens létaux, mais plutôt de remettre en question les vieux réflexes).
– Parti Québécois : Le PQ s’engage à réfléchir à développer une politique de gestion de la faune responsable, et se positionne contre la chasse au trophée et en enclos, des pratiques qu’il trouve irresponsables.
– Québec solidaire : QS s’engage à créer des corridors fauniques passant au-dessus des autoroutes et de développer des espaces verts en protégeant 30% des aires dans le sud de la province près des grandes villes. Dans sa plateforme officielle, Québec solidaire indique à ce sujet: « Pour protéger la biodiversité […] Des corridors fauniques seront aménagés […]. Le réseau de la SÉPAQ sera élargi, les terrains urbains laissés vacants seront soumis à un droit d’expropriation lié à la création d’espaces verts et nous protégerons adéquatement les boisés existants ainsi que les milieux humides et les animaux qui les habitent, en tenant compte des initiatives citoyennes. »
Dans une optique de santé publique, environnementale et de bien-être animal, est-ce que votre parti est favorable à l’idée de promouvoir une transition graduelle vers une offre alimentaire incluant davantage d’aliments végétaux ? Si oui, quels moyens compte-t-il mettre en place pour y parvenir ?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ propose de faire de la sensibilisation au sujet d’une alimentation diversifiée et d’améliorer le marketing pour les solutions de rechange.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ affirme l’importance de soutenir les agriculteurs de proximité dans leur transformation vers une transition plus verte, sans pesticides, locale et diversifiée.
– Parti Québécois : Le PQ ne prend pas d’engagement lors du débat à ce sujet, mais dans son plan en matière de lutte aux changements climatiques, le PQ s’engage à : « Promouvoir une alimentation à plus faible empreinte carbone, basée sur des sources de protéines plus diversifiées. »
– Québec solidaire : QS s’engage à mettre en place une politique d’achat alimentaire de 50% de repas d’origine végétale dans les institutions publiques et à faire de la sensibilisation à ce sujet. Dans sa plateforme électorale officielle, Québec solidaire indique :«Nous mettrons en place une politique d’achat alimentaire local dans le secteur public, incluant une cible de 70 % d’aliments locaux et de 50% de repas d’origine végétale […] nous assurerons aussi un accompagnement et une aide financière pour les agricultrices et agriculteurs afin de les aider à […] atteindre la neutralité dans leur bilan de GES émis et captés, notamment en encourageant une transition vers l’agriculture végétale.» Il s’y engage également à : « […] soutenir la production et la transformation d’aliments ayant une faible empreinte écologique, notamment de protéines végétales ».
Quelles mesures concrètes seront mises de l’avant par votre parti pour régler le problème des usines à chiots au Québec ? (Question du public)
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ soulève l’importance des inspections sur les lieux d’élevage et revendique des sanctions plus sévères pour les infractions à la législation existante. Le PCQ affirme qu’il faut mettre terme aux usines à chiots et favoriser l’adoption d’animaux de compagnie tout en offrant des formations éducatives aux adoptants.
– Parti libéral du Québec : Le PLQ affirme l’importance d’assurer que la production animale se fait dans le respect des animaux. Il est ouvert aux efforts en vue d’améliorer le bien-être animal.
– Parti Québécois : Le PQ croit que les inspecteurs du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) ne devraient pas donner de préavis aux éleveurs avant leurs visites d’inspection aux chenils. Le PQ soulève aussi l’importance de resserrer les règles existantes et de rendre obligation une formation pour les éleveurs. Le PQ indique que s’il est réélu, Pascal Bérubé, ancien député de Matane-Matapédia, continuera son travail en proposant de nouveaux projets de loi pour améliorer le bien-être animal.
– Québec solidaire : QS propose notamment d’exiger une formation ou l’obtention d’un Diplôme d’études professionnelles pour les éleveurs.
Que compte faire votre parti afin d’encadrer la vente d’animaux en animalerie et en ligne ?
– Parti conservateur du Québec : Le PCQ propose de consulter les animaleries pour voir si une interdiction de vente d’animaux est envisageable. ll indique qu’il faut éduquer les gens pour encourager l’adoption et propose un cours gratuit pour donner des ressources aux adoptants et encadrer l’adoption.
– Parti libéral du Québec : Pour le PLQ, la sensibilisation et l’éducation sont essentielles pour donner aux gens la possibilité de faire les bons choix en terme d’achat d’un animal et d’éviter ainsi les effets de mode et les achats impulsifs.
– Parti Québécois : Le PQ indique être favorable à entamer une réflexion sur une interdiction de vente d’animaux dans les animaleries afin de favoriser l’adoption en refuge là où les employé.e.s sont formés à bien aiguiller les adoptants sur les responsabilités entourant l’adoption d’un animal.
– Québec solidaire : QS indique que là où il y a de la vente d’animaux, il doit y avoir quelqu’un de formé capable d’éduquer le/la client.e sur les besoins de ces animaux.
Suite au débat, à la demande de Konstantinos Merakos, Candidat du PCQ dans Chomedey, nous ajoutons la précision suivante : « Le Parti conservateur du Québec dispose d’une constitution interne qui permet aux candidat.e.s de proposer des projets de loi et de voter sur des lois en fonction des positions de leurs électeurs dans leurs circonscriptions. »