Ça nous est tous déjà arrivé. De se retrouver coincé dans la circulation sur l’autoroute à écouter Baby one more time ou une autre chanson vraiment embarrassante, puis de voir s’avancer lentement, dans la voie à côté de nous, un gros camion-remorque sale et gris aux panneaux latéraux perforés. Pressés contre les ouvertures ovales, des museaux roses essaient d’attraper au passage une bouffée de ce qui les attend. Leurs yeux écarquillés jettent des regards troublés. Nous savons très bien quelle est la destination finale de ces animaux – et c’est peut-être la raison pour laquelle nous fuyons leur regard interrogateur – mais que savons-nous vraiment sur leur voyage?
Chaque année, au Canada, 700 millions d’animaux d’élevage sont transportés de la ferme à l’abattoir. Près de deux millions de ces animaux meurent pendant le transport et l’on estime que 12 millions d’autres se blessent ou tombent malades en cours de route. Nous avons des lois qui régissent la manière dont les animaux doivent être traités pendant le transport, mais celles-ci datent d’il y a plus de 40 ans et sont considérées par les experts comme étant les plus laxistes du monde occidental. Que pouvons-nous faire à ce sujet?
En fait, le gouvernement canadien a enfin décidé de mettre à jour ces lois. Mais les amendements proposés sont tout à fait insuffisants et feront en sorte que des animaux continueront d’éprouver de grandes souffrances pendant leur transport. C’est pourquoi il nous faut maintenant prendre la parole pour ces cochons que nous croisons sur l’autoroute.
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Voici 3 faits alarmants concernant la nouvelle législation canadienne en matière de transport des animaux.
1. Elle permet que des animaux soient transportés jusqu’à 36 heures d’affilée sans nourriture, eau, ni repos.
Les durées de transport maximales proposées ne tiennent aucunement compte de ce qui a été décrété comme acceptable par la recherche scientifique du point de vue du bien-être animal, ce qui expose les animaux à la déshydratation et à l’épuisement. En Europe, la règlementation exige que tous les animaux qui sont transportés pendant plus de huit heures soient chargés dans des camions équipés d’abreuvoirs automatiques.
2. Elle ne protège pas les animaux contre une exposition à des conditions météorologiques extrêmes.
Alors que c’est maintenant la norme dans de nombreux autres pays, dont certains ont des conditions climatiques moins extrêmes qu’au Canada, le projet de réglementation n’exige pas que les véhicules de transport soient équipés de systèmes de chauffage et de climatisation, ni de systèmes de surveillance de la température, exposant ainsi les animaux à des engelures l’hiver et à des coups de chaleur l’été.
3. Elle permet l’utilisation de techniques de manipulation douloureuses.
Les modifications proposées continuent de permettre l’utilisation routinière de l’aiguillon électrique, même sur des animaux malades ou blessés, et permettent de soulever douloureusement les animaux par les pattes, la tête ou les cornes.
Le projet de loi du gouvernement doit être soumis à une période de consultation publique, qui se termine le 15 février, avant d’être adopté. En signant la pétition de Humane Canada, vous pouvez envoyer un message clair au gouvernement à l’effet que ces amendements ne sont tout simplement pas suffisants et que tous les animaux méritent des protections de base.
Si vous voulez en faire encore plus pour aider les 700 millions d’animaux abattus chaque année au Canada, vous pouvez contribuer à réduire la demande pour leur viande, leur lait et leurs œufs en diminuant votre consommation de ces produits, ou encore en les éliminant carrément de votre alimentation.
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Me Sophie Gaillard
Avocate, Défense des animaux | Enquêtes et inspections
Me Sophie Gaillard s’est jointe à la SPCA de Montréal en septembre 2013, après avoir été diplômée par la Faculté de droit de l’Université McGill et complété son stage du Barreau au bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales à Montréal. En tant qu’avocate du département d’enquêtes et inspections, Me Gaillard supervise et conseille les inspecteurs de la SPCA et agit comme liaison avec les procureurs et les corps policiers. Dans le cadre de ses fonctions au sein du département de défense des animaux, Me Gaillard travaille sur des initiatives visant à renforcer la législation en matière de protection animale aux niveaux municipal, provincial et fédéral. Ses deux chiens adoptés, Milo et Phoebe, l’accompagnent tous les jours au bureau. (© Photo : Jo-Anne McArthur / Unbound Project)